[Bureau de Jeoren] Rencontre inatendue

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La fin de la semaine était enfin arrivée, il ne restait plus que quelques heures de travail à Ellyn avant d'être en week end. Il était précisément 18 heures et 53 minutes ce vendredi-là. Ellyn commençait toujours plus tôt que d'habitude le vendredi, à 18 heures 30, étant donné que, comme il s'agissait du dernier jour de travail de la semaine au NITS, la plupart des employés bouclaient leurs tâches (parfois à la va-vite il faut l'avouer) et quittaient leur bureau aux alentours de seize ou dix-sept heures. C'était ici une coutume que de quitter le travail tôt, pour grappiller quelques précieuses heures pour faire courses en tous genres et se reposer durant les deux jours tant attendus par l'ensemble de la population mondiale. Ellyn dirigeait le service d'entretien du NITS, et par conséquent, elle avait droit à un régime particulier en ce qui concernait les horaires de travail. Elle avait obtenu de son patron de terminer plus tôt le vendredi, et de terminer plus tard le mercredi, elle modulait ses horaires comme elle le souhaitait tant qu'elle réalisait son quotat de ménage par semaine, contrairement aux agents d'entretiens qui n'avaient pas cette chance. Bien entendu, Elly ne le criait pas sur tous les toîts, elle n'était pas du genre à étaler vie privée et privilèges à n'importe qui. En règle générale elle commençait aux alentours de vingt heures et terminait vers vingt-deux heures voire vingt-deux heures trente, ce soir elle terminerait à dix-neuf heures trente et pourrait se prélasser dans son canapé miteux un peu plus tôt que d'habitude, quelle chance ! Alors qu'elle s'apprêtait à descendre à l'accueil nettoyer la porte vitrée, la jeune femme se rendit compte qu'elle avait oublié de s'occuper du dernier bureau du deuxième étage. Enfin nettoyer, c'était un bien grand mot, la personne qui y travaillait (elle supposait qu'il s'agissait d'un homme) était si soigné et si ordonné qu'Ellyn n'avait jamais rien à faire dans son antre, seulement vider la poubelle de temps en temps bien que peu de papiers s'y entassaient, à croire que cette personne faisait elle-même le ménage dans son bureau, descendait elle-même sa poubelle dans le local situé dans le sous-sol. Elly et la personne en question communiquaient depuis plusieurs mois, via post-it qu'ils collaient sur le bureau. Elle n'avait pas pu s'empêcher, lors de sa première semaine de travail il y a environ cinq mois, de féliciter cet homme pour l'entretien de son bureau. Il l'avait remerciée, déclarant être surpris par le message qu'elle lui avait laissé la veille. Depuis, ils avaient pris l'habitude de trouver un petit post-it chaque fois qu'Ellyn était de service, c'est à dire trois soirs par semaine.

La jeune femme entra dans le bureau, et s'arrêta net, bouche bée, gênée en s'apercevant qu'un homme se trouvait assis derrière le grand bureau toujours aussi ordonné. Mal à l'aise, Ellyn se sentit rougir. Elle dévisagea l'homme, il était très séduisant. Elle ne s'était pas attendue à cela, mais plutôt à un homme d'un certain âge, aimant retrouver ses affaires sans avoir à les chercher pendant des heures. L'homme qui se trouvait face à elle était jeune, une trentaine d'années, peut être un peu moins, entre vingt et trente ans, il était difficile pour elle d'être précise.

« Oh, pardon. Je pensais que le bureau était vide, la plupart du personnel est parti à cette heure-ci. Je repasserais plus tard vider la poubelle. »

Quelles banalités ! Pauvre Ellyn, qu'est ce qu'il en avait à faire que tu reviennes dans vingt minutes vider la poubelle ? En réalité, tu viendrais surtout voir s'il est encore là, tu repasserais deux ou trois fois devant la porte, faisant mine d'aller d'un bureau à un autre, tout en jetant un petit coup d'oeil discret vers cet homme qui t'avait tapé dans l'œil.

H.J: Désolé du retard >-<

Aujourd’hui avait été une longue journée assez éprouvante. Outre l’incapacité des autres employés, Jeoren avait reçut un gros dossier épineux à propos de chiffres incohérents. Tout cela avait mené son exaspération à une longue colère froide et cynique. C’est pourquoi il avait passé le plus clair de la journée dans son bureau, où personne ne daignait l’ennuyer. Pas une mouche n’aurait décidée de voler à travers ce silence glacial. C’était ce genre de jour que les gens craignaient.
En cette heure avancée, tous les employés étaient déjà partis. Mais en travailleur assidu, Jeoren était toujours présent, plus acharné que jamais. Décidé à terminer sa révision du dossier, il ne voyait plus passer les heures. C’est ainsi qu’à bientôt 19h, notre cher monsieur était toujours assis sur son siège vieillissant, lisant et écrivant des notes par-ci par-là.

C’est alors que dérangeant ce calme cynique, la porte s’ouvrit dans un léger frottement. Dans un premier temps, Jeoren ne daigna même pas lever la tête, bien trop prit dans son travail. Il se demandait quel imbécile pouvait bien venir le voir en ce jour presque funèbre. Il ne savait s’il devait crier sans même regarder de qui il s’agissait, ou s’il allait se lancer au cou de la personne en question. Néanmoins, il avait autre chose à faire. Il avait horreur du gaspillage, qu’il soit matériel ou psychologique. Pas le temps pour de petites pensées insignifiantes, car cela entraîne beaucoup trop de négligences envers des affaires plus importantes.

Jeoren finit par lever les yeux. Quelle surprise fut celle de tomber nez à nez avec une jeune demoiselle au regard presque perçant. On pouvait y lire une certaine détermination. Devant l’impassibilité du regard, elle se sentit probablement obligé de parler. Malgré une hésitation et un sentiment d’intimidation probant, tout en elle respirait l’efficacité. Si elle ne portait pas l’uniforme des employés de l’entretient du NITS, rien n’aurait indiqué son travail. Devant tant de qualités, Jeoren ne pouvait qu’esquisser un sourire.

« Ne vous excusez pas. Il est vrai que je ne devrais pas être présent. Mais vous savez, quand il y a du travail, il faut savoir le faire proprement. »

Soudain, le souvenir des post-it lui revint. Tout avait débuté par un petit carré jaune le félicitant de l’aspect de son bureau, auquel il se sentit l’obligeance de répondre. C’est ainsi que continua une conversation tout à fait platonique. Quelques mots écrits sur un coin de table. Des bribes d’une entente. Il n’avait jamais vraiment cherché à savoir qui était cette personne. Ce n’était pour lui rien d’autre qu’un petit amusement, celle d’une attention délicate bien que furtive. Pouvoir maintenant mettre un visage sur une écriture lui paru presque incongru. Comme un tour de magie dont on montre l’envers du décor.

Néanmoins suite à la déception, un certain plaisir s’insinua en lui. Il fallait bien le dire, qu’elle n’était pas moche du tout, avec ses jolies boucles blondes, telle une poupée de cire qu’on pomponne. Mais ne vous méprenez pas, Jeoren n’est pas un homme à avoir. Il était donc partagé entre la séduire, ou bien la laisser dans un flou lointain de son esprit. Malgré tout, un sourire presque sympathique restait gravé sur ses lèvres, la cruauté n’avait pour lui aucune limite.

« Ne seriez vous pas la demoiselle aux post-it ? »

Finit-il par demander après un silence se devant intimidant, mais tout en lui transpirait l’assurance. Sa voix presque suave laissa une douce intonation à sa phrase. Il se leva lentement de sa chaise, comme une invitation à entrer et à continuer la conversation.

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Ne s'attendant à recevoir aucune réponse de la part de cet homme, Ellyn s'était empressée de tourner les talons et de quitter le bureau, le plus discrètement et le plus rapidement possible. Elle était gênée, mais entra de nouveau dans la pièce lorsqu'elle entendit la voix de Jeoren répondant à ses minables excuses. Elle fut surprise, d'habitude, les employés de bureau du NITS ne prenaient pas la peine de s'adresser directement aux agents d'entretien, qu'ils considéraient généralement comme des moins que rien, car ils avaient un niveau inférieur au leur, tant intellectuellement que dans la hiérarchie qui dominait la société dans laquelle nous vivons. La gêne de la jeune femme s'effaça, comme si elle ne l'avait pas ressentie une seconde auparavant.

« Ne vous excusez pas. Il est vrai que je ne devrais pas être présent. Mais vous savez, quand il y a du travail, il faut savoir le faire proprement. »

Cette remarque avait raisonné dans sa tête comme un coup de massue. Il était difficile d'admettre que quelqu'un ici se souciait d'avoir terminé son travail, la plupart des employés (exceptés les technicien de surface qui n'avaient pas le choix que de laisser les locaux propres en partant sous peine de se retrouver à la porte) ne se privaient pas pour remettre au lendemain ce qu'ils auraient dû faire aujourd'hui, après tout, l'heure c'est l'heure, si chacun commence à faire des heures supplémentaires sous prétexte qu'il y a du travail, on ne s'en sort plus. Ellyn ne pouvait juger les autres, puisqu'elle ne connaissait rien à leur travail en cours, à leurs affaires et à leurs dossiers, mais lorsqu'elle voyait les montagnes de papier qui s'accumulaient sur les bureaux, elle comprenait parfaitement bien que le retard s'était installé, mais que les employés s'en fichaient, ce n'était pas un de leur critère de professionnalisme.
Elle n'était cependant pas surprise d'entendre ces mots de la part de l'homme dont le bureau était impeccablement bien rangé, il suffisait d'un coup d'oeil pour en apprendre long sur sa personne, et sur son hygiène de vie.

« Ce n'est pourtant pas la marque de fabrique du NITS que de terminer son travail dans les temps. »

Elle esquissa un fin sourire, si minuscule qu'il était presque imperceptible. Elle n'avait pas pour coutume que de critiquer les employés par le biais d'autres employés, sa maxime fétiche était "Les murs ont des oreilles", et elle ne voulait pas prendre le risque d'avoir des ennuis avec qui que ce soit.

« Ne seriez vous pas la demoiselle aux post-it ? »

Tout devenait maintenant beaucoup plus clair pour la jeune femme. Voilà bien la dernière personne à laquelle elle s'était attendue à parler de vive voix. Ils correspondaient par le biais des petits papiers collants de couleur, depuis plusieurs mois, mais n'avaient jamais eu l'occasion de se voir en chair et en os. Ellyn rougit, puis sourit, cette fois son sourire était plus perceptible que précédemment.

« Comment m'avez-vous reconnue ? »

HJ : Désolée pour le retard, manque cruel de temps avec la fac ><'

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