[Bureau de Leah Mills] Rebellion & confrontation ___&amp

Dans tous les bons films américains, rébellion et confrontation sont de mise. Ennemis contre ennemis, mère contre fils, mari contre femme, ami contre meilleur ami et... Patron contre stagiaire. Dans certains cas, le personnage principal se trouve à être le stagiaire qui après s'être fait insulter et rabaisser par son supérieur, se rebelle, confronte et détrône le patron uniquement par sa bonté et sa joie de vivre. En cas contraire, le patron se retrouve avec un stagiaire stupide, naïf et inutile qui le suit partout et qui l'empêche dans sa quête de rétablir la paix dans le monde. Finalement, le patron lui dit ses quatre vérités et il s'en retourne, penaud et le maître sauve le monde.

C'est pourquoi l'idée d'avoir une stagiaire n'était certainement pas celle de Leah. Elle adorait travailler en solo et d'avoir quelqu'un dans les pattes ne lui plaisaient guère. Plus jeune, elle était ce genre de fillettes qui ne jouaient pas au professeur. Rien que l'idée de devoir enseigner son métier lui donnait mal au coeur. Pourtant, Leah avait du s'y accommoder.

Ce jour-là, la jeune avocate était assise à son bureau, pour l'une des rares fois durant ce deux ans complet à la compagnie. Son portable à l'oreille, elle tentait de remplir des dossiers tout en répondant au téléphone. Elle ouvrait et refermait son agenda, songeant à engager une secrétaire. Les cliquetis de sa souris étaient de plus en plus secs, elle commençait à perdre les pédales et à s'écrouler sous le travail. Mais Leah était orgueilleuse, elle ne pouvait se permettre de craquer.

Son portable sonna, elle appuya sur le bouton sur son oreillette et répondit d'une voix exaspérée:
- Bonjour?

C'était l'organisateur de la rencontre annuelle des avocats diplômés d'Havard. La rencontre annuelle qu'elle subissait depuis quelques années. Cette réunion était futile, ce n'était que du pure commérage. La jeune femme n'avait pas du tout envie d'y aller. Et si elle y envoyait Ekaterina? Elle décrocha le téléphone à fil qui traînait sur son bureau, recouvert de poussières car elle ne l'utilisait pas et composa le numéro de poste de sa stagiaire

- Ekaterina, présente toi à mon bureau, sur le champ.

Leah avait été sèche, comme toujours. Maintenant, elle croisa les bras et attendit sa stagiaire, bien décidée à profiter de ces quelques minutes de repos.

Invité

Occupée à potasser un livre de droit à la recherche d’une loi concernant les marchés internationaux, Kat sentait grimper en elle un mal de tête incroyable.
Elle avait toujours été sujette aux migraines depuis son plus jeune âge. Enfant, elle avait même été consulté un spécialiste et avait subi toute une batterie de test, et tout ça pour quoi ? Pour arriver à la conclusion que c’était dû uniquement aux gênes, c’était héréditaire, il n’y avait rien à faire. Depuis près de vingt ans, elle subissait donc, sans pouvoir les chasser. Les médicaments qu’elle prenait, ne faisaient presque plus d’effet, elle en avait abusé dans sa jeunesse, désormais, elle n’avait plus qu’à endurer en se taisant.
Soupirant, elle déposa son surligneur rose sur son bureau et se massa les tempes, tentant de chasser la douleur. Elle devrait peut-être suivre les conseils de sa tante Tatiana et acheter le petit stick aux vertus apaisantes dont elle raffolait …
Prise d’une soudaine inspiration, elle sortit son portable de son sac et composa le numéro de sa tante. Ce n’était pas dans ses habitudes de prendre sur son temps de travail pour des affaires personnelles, mais si elle ne le faisait pas maintenant, il y avait beaucoup de chances pour qu’elle oublie.

« - Kat ? »

A peine, sa tante avait-elle décroché et prononcé son prénom, que le téléphone de son bureau sonna. Soupirant, elle fit une grimace. C’était toujours ainsi, son téléphone sonnait toujours au moment le plus mal.

« - Je suis désolée, je dois répondre au téléphone, je voulais juste te dire que je voulais que tu me commandes ton stick. Salut ! »

Sans laisser à sa tante le temps de répondre, elle raccrocha précipitamment, jeta négligemment son portable sur son bureau, au risque de le perdre sous les dossiers qui s’empilaient et décrocha prestement son téléphone.
Avant d’avoir pu énoncer le moindre mot, la voix impérieuse de Leah se fit entendre dans l’écouteur. Elle voulait la voir … Kat sentit une boule d’angoisse se former dans son ventre. Qu’allait donc encore lui demander cette vipère ?
Elle aimait bien le poste qu’elle occupait, néanmoins, elle haïssait sa supérieure, qu’elle avait prise en grippe dès le début. Cette femme hautaine, tout droit sortie d’un film X, semblait la détestait également cordialement. Kat se mordit la lèvre, que n’aurait-elle pas donnée pour se débarrasser d’elle ? Dire qu’elle allait devoir la supporter jusqu’à la fin de son stage … Vivement que ses années de torture soient finies, elle pourrait enfin prendre ses propres décisions, sans devoir apporter le café et accourir comme un petit chien dès qu’on prononçait son nom.
Délaisse ses papiers et bouquins, elle se redressa et se dirigea vers le bureau de Leah. Avant de frapper à la porte, elle observa sa tenue, son tailleur était irréprochable, parfait.
Dès que Leah l’autorisa à entrer, elle s’approcha en plaquant un sourire sur ses lèvres.

- Bonjour Leah. Que puis-je pour vous ?

Kat s’était toujours efforcée de la vouvoyer, malgré que leur âge était assez proche et que Leah la tutoyait.

Si Leah avait pu être plus médisante que cela, elle l'aurait fait. Les bras croisés, le sourire qui aurait nargué n'importe qui aux lèvres... Un peu plus et elle aurait allongé ses jambes le long du bureau mais il semblerait que celui-ci soit trop haut pour que Leah ait l'air confortable et pas le moindrement idiote. Elle regardait les aiguilles de l'horloge défilées comptant les minutes et chaque seconde que Kat prenait pour se rendre à son bureau.

Lorsque, finalement, celle-ci rentra, la jeune femme prit un grande inspiration et renvoyait ce sourire forcée à sa stagiaire. Même si elles se détestaient profondément, il semblerait chaque fois que la porte est ouverte, qu'elles se forçaient à être aimable. Ce n'était pas du tout le cas et c'est pourquoi Leah se leva raidement et demande poliemment à Ekaterina de fermer la porte.

Celle-ci s'exécuta, et Leah l'invita à prendre place sur une chaise située en face de son bureau. Ce n'était que des politesses, car elle savait très bien qu'elle demanderait ce qu'elle voulait et que Kat acquiescerait, comme toujours.

- Il se trouve qu'une conférence se tient à Havard. C'est une petite conférence, à laquelle j'ai déjà participé, c'est pourquoi je n'ai plus rien à y apprendre. Par contre, toi, tu pourrais y apprendre toutes sortes de choses auxquelles tu n'avais jamais pensé... Le genre de chose que l'on n'apprend pas en restant assise à son bureau toute la journée, à ne rien faire...

Pourtant, Leah n'avait aucune idée de ce que faisait l'allemande à son bureau. Elle passait quelques fois et la retrouvait plongée dans un bouquin, mais elle pensait franchement que ce n'était qu'une image superficielle, que Kat attrapait ce livre lorsqu'elle entendait quelqu'un venir, un peu comme une écolière qui fait semblant d'étudier.

- Oh, d'ailleurs, tu as pris 3 minutes et 14 secondes avant de cogner à ma porte, ce n'est pas très ponctuel pour une future avocate à qui j'avais demandé de se présenter sur-le-champ... Je devrai rapporter ton cas au Patron et je suis certaine qu'il comprendra mon point de vue. Ce serait dommage que tu coules ton stage parce que par malheur, tu ne sais pas être à l'heure.

Ce dernier paragraphe était sortit spontanéïment de sa bouche, mais Leah ne savait pas vraiment si elle aurait du le dire. Après tout, elle aimait être mesquine, mais à ce point-là... Mills avait beau détester sa stagiaire uniquement parce qu'elle n'aimait pas travailler en équipe et que celle-ci c'était montrer particulièrement collante à ses débuts, ce serait très méchant de la faire couler uniquement pour quelques minutes où Leah n'avait absolument rien fait.

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