Je suis une cigarette__Vitaly

En fait, ils partaient souvent très loin, tous les deux, mais métaphoriquement. Leurs sujets de conversations, au départ plutôt simples -sauf pour le boutonneux, là. Ouais, il aurait du mal à suivre, celui-là xD- partaient bien souvent à la dérive, et vers des contrées... parfois farfelues. Aujourd'hui, la première "destination" était Disney Land, en compagnie de quelques buildings, de la recherche du pouvoir, et d'une flopées de "dictateurs", pour reprendre ses mots, qui croyaient justement le détenir. Après tout, pourquoi pas ? Pourquoi devrait-on se limiter aux conversations banales et insipides à propos de la photocopieuse en panne au 15ème, ou du café froid, ou du prix des paquets qui a encore augmenté ?
C'était ça, qu'il préférait dans ces quelques instants passés en sa compagnie : la simplicité avec laquelle ils s'exprimaient sur tout et sur rien, et la sensation de légèreté qui s'ensuivait. Pas d'ambiguïté, pas de besoin d'impressionner, même pas d'envie de s'imposer comme représentant du "sexe fort". Rien de tout ça. Juste discuter et fumer. Juste critiquer et fumer. Juste délirer et fumer. Le pied <3 xD

- Et le seul moyen de se libérer de tout ça, ce serait de tout plaquer. Tout abandonner et se tirer au fin fond d'un pays coupé du monde, et de finir sa vie simplement et humblement. En mangeant des insectes, peut-être. (xD) Mais seuls quelques uns sont assez audacieux pour le faire...

Il eut l'esquisse d'un sourire, et termina sa quatrième clope, avant de la jeter par dessus-bord. Sayonara le mégot ! xD

- Et nos chers dictateurs nous ont appris à les appeler des fous, et à les considérer comme tels, afin d'être sûrs qu'on ne se décide pas à les suivre.

Ils se mit carrément à rire cette fois. Bon, pas du rire le plus prononcé qui soit, mais tout de même. Vu son état de fatigue et le café froid qui commençait à peine à sécher sur sa chemise, c'était déjà pas mal <3 xD. En fait, et il s'en rendait tout juste compte, mais les P.C.T constituaient l'un de ses rares moments de détente. De véritable détente. pas juste celle procurée par le tabac, ou par un bon petit somme.

- Tu penses qu'ils vont mettre combien de temps avant d'envoyer le FBI à nos trousses pour nous faire interner ? C'est qu'on pourrait rallier du monde à notre cause, et dévoiler leur secret au grand jour... Ils devraient nous craindre ! xD

Evidemment, tout ça, il le disait d'un ton plaisantin, ayant bien conscience que c'était tout bonnement ridicule xD.
Il fronça les sourcils, et... se ralluma une clope avec son Zippo argent métallisé <3 ><.

- Je ne savais pas qu'on avait accueilli des bisounours, ici.

C'est vrai qu'au début de leur "relation", Vitaly lui parlait très peu. Il l'écoutait plus qu'autre chose. De nature à laisser les autres s'exprimer et à se contenter d'observer, d'être attentif, le jeune homme ne donnait pas plus que ça son avis sur les sujets abordés. En réalité, il n'était jamais vraiment parvenu à aimer... discuter. Il s'était vite rendu compte que la majorité des gens pensaient les mêmes choses inintéressantes et dépourvues d'originalité, de liberté. Que tout ce que "Monsieur et Madame Tout-le-Monde" savaient dire, c'était ce que l'on leur avait inculqué, que ce soit à l'école, chez eux ou par les médias. Tout était monotone. "Il fait beau aujourd'hui, vous ne trouvez pas ? - Je suis désolé, je n'ai vraiment pas le temps de te parler, ma fille est clouée au lit et... - Ce n'est pas vrai, le prix des pâtes a encore augmenté ! - Haaaan, il est trop beaaaaaau ! - Obama ? Non mais attends, ce n'est pas possible, pas lui quand même ! Tu imagines ? Un président noir ?!..." C'était toujours la même chose. Vitaly finissait par croire que la société pourrissait vraiment l'esprit de tout le monde -le sien y compris ; il était loin de se considérer comme un être à part- et cela le mettait hors de lui, en fait. Plus d'imagination, plus de pensée, plus de liberté, plus d'évasion... Non, rien que la même chose, tous les jours. Le même appart', les mêmes voisins, le même boulot, les mêmes visages, le même café ignoble, les mêmes clopes, les mêmes préoccupations, les mêmes putain de plats en boîtes à faire réchauffer dans les mêmes micro-ondes pendant la même durée. Et évidemment, si l'on faisait preuve de la moindre petite révolte face à ce système, si on essayait de faire comprendre à son interlocuteur que l'on en avait rien à foutre de savoir ce que TOUT LE MONDE racontait également, et bien... on était regardé de travers, un peu comme un parasite.
C'était donc dans les habitudes de Vitaly, désormais, d'écouter tout simplement ce que les gens avaient à lui dire, d'ajouter deux trois mots... et puis basta. Observer était plus intéressant que d'échanger à l'infini des propos fades et déjà systématiquement ramenés sur le tapis. Observer ce qui l'entourait, observer le visage de ceux qui lui parlaient, de ceux qu'il croisait. Et penser sans limite, sans tabou.
Et voilà qu'il s'était rendu compte qu'elle n'était pas comme les autres. Qu'elle se démarquait, elle. Qu'elle était amusante, qu'elle pouvait faire preuve d'imagination, qu'elle pouvait oublier sa vie courante le temps d'une escapade dérisoire. Voilà qu'il avait trouvé quelqu'un avec qui refaire le monde en toute liberté, sans crainte d'être jugé.

- Tu serais assez audacieuse pour tout plaquer, toi ?

Il fit mine de la regarder de bas en haut, de peser le pour et le contre... Hhmmm. Il eut un petit sourire après son air sérieux d'investigateur xD.

- Pense à prendre un chien de berger avec toi, hein, ça pourrait t'être utile, pour les moutons. Et puis écris-moi des cartes postales depuis le pays coupé du monde, surtout. Avec un pigeon voyageur bien dressé, ça devrait pouvoir le faire. Moi, j'ai pas le cran nécessaire pour tout plaquer. Faut croire que j'ai besoin qu'un gars plus puissant que moi me bourre le crâne avec ce que j'ai à faire, pour pouvoir vivre.

Il secoua la tête de gauche à droite, la clope au bec. Il reprit ensuite sa cigarette en main et soupira lentement, laissant s'échapper la fumée de ses poumons. Il regardait Noa avec le regard complice qu'ils avaient appris à échanger, à force.

- C'est dur, la liberté, hein ?

Il jeta un coup d'œil dans la direction indiquée par Noa et eut une grimace en repensant à sa chemise -mais sans pour autant baisser les yeux dessus pour voir dans quel état elle se trouvait.

- Tous des pourris, quoi xD.

Sa grimace se transforma en sourire moqueur xD. Face de pizza xDxD.

Il eut un petit sourire en l'entendant débiter tout ça xD. C'était assez drôle, cette façon qu'elle avait de passer d'un sujet sérieux à un tas de conneries. A croire qu'elle disait tout ce qui lui passait par la tête ! <3 Remarque, si elle avait effectivement parlé des créatures du seigneur des anneaux, de la bague à 3 dollars cinquante et du vieux barbu, il aurait probablement éclaté de rire.

- Fais gaffe aux crachats quand même, avec les lamas. C'est hargneux, ces bêtes là xD. Et pourquoi pas une chèvre ? Elle te débrouissaillerait le terrain, et en plus t'aurais du lait ! Ça, c'est vraiment pratique, une chèvre. Quoique le lait de chèvre, faut aimer.

Vitaly s'arrêta net l'espace d'une seconde, pendant laquelle il se mordillait la lèvre, à la manière d'un gamin de 7 ans complètement perdu et inquiet. Bien entendu, c'était pour plaisanter xD. Quel comédien ce Vitaly ! xDxD

- Dresser un pigeon ? Merde, j'aurai dû m'y prendre plus tôt ! Tu crois qu'il faut un entraînement spécial ? xD

Il changea tout à coup d'expression, redevenant naturel.

- Je me demande si ça arrive comme ça tout seul, la liberté, tu sais. Ou si c'est quelque chose qui se passe dans ta tête. Un choix, aussi. Un espèce de je-m'en-foutisme naturel, qui fait qu'on a plus à obéir à personne, qu'on peut aller là où on veut quand on en a envie, et tout le tralala. Ou peut-être que c'est un concept qui n'existe que dans les films, finalement.

Vitaly fronça soudainement les sourcils en se rappelant d'une phrase que Noa venait de prononcer. Même si elle l'avait fait un peu à la légère, juste après ses histoires de pigeons et de lamas xD, une question lui brûlait les lèvres. Sans chercher à comprendre pourquoi, il voulait savoir.

- Il n'y a que ton boulot qui pourrait te retenir de partir ?

"Ça fait peur"... Un lama ? Un lama fait peur ?... Remarque, tout bien réfléchi, c'est vrai que ça peut paraître menaçant, un lama. Avec son air "tu bouges, j'te crache à la gueule". Et puis, c'est déstabilisant, un lama. Non mais sérieusement, qui a déjà imaginé se retrouver un jour face à un lama ? Et forcément, quand on imagine pas une situation, on prévoit pas ce qu'on ferait en s'y retrouvant confronté.
Là où les sourcils de Vitaly eurent une violente vrillée vers le haut, ce fut surement au "ça tient chaud". Wait, wait, wait... WHAT ?!

- Tu dormirais pas contre ton lama, quand même ? A moins que tu ne pensais à te coller à lui en permanence ? Ou à le tondre pour te faire un manteau ? T'as pas peur que ça gratte, les poils de lama ?... Et puis ça pourrait l'énerver, fais gaffe. Ou le rendre malade, tiens. Il se les gèlerait, une fois tondu, lui ! Faut penser à ce genre de détails aussi xD

Elle pouvait vraiment sortir n'importe quoi, c'est vrai, mais il la suivait tout de même assez loin dans ses délires xD. Il eut un petit rire à l'idée de Noa, une flûte au bec et un bonnet péruvien sur la tête, luttant pour faire avancer l'animal, qui la regarderait avec son air blasé de... euh... de lama xD.

- T'aurais l'air mignonne avec ton bonnet sur la tête, tiens ! xD

Et c'était reparti pour un sujet plus sérieux. A croire qu'ils jouaient au yoyo de la conversation. Ou au ping-pong de la conversation, ou au... BREF. Ils passaient du coq à l'âne xD (ou au lama).

- Je crois qu'on a tout dit. La seule chose qui reste sans réponse, au final, c'est liberté fictive ou pas... Ce serait beau d'y croire, n'empêche. Mais ce serait se leurrer un peu, aussi. Beaucoup, même. Et vivre en poursuivant aveuglément un but qu'on s'est inventé soi-même, de A à Z, sans savoir réellement ce que c'est, sans y croire véritablement non plus... Je crois bien que ce serait être emprisonné de la pire façon qui soit... Par un simple concept. Impalpable et indestructible.

Cela avait quelque chose de sombre, finalement, ces propos. De défaitiste. Comme si la liberté était trop pure pour être atteinte par de simples personnes, pour être possédée. Comme si ça la souillerait jusqu'à la moëlle, et que de ce fait, elle ne mériterait plus qu'on l'appelle "liberté" à nouveau, car ce serait un vil mensonge. Comme si l'être humain, de nature si égoïste, et trop souvent en proie à des sentiments si violents, ne pouvait et -ne pourrait- jamais être libre, entièrement libre. Il y avait toujours une limite, quelque part. Que ce soit dans le temps, l'espace, la pensée, ou le corps...
Mais cela avait quelque chose de contradictoire, ces propos, également. Car derrière tout ces mots, emprunts de pessimisme et de réalisme, de défaite, il y avait l'envie de découverte. Le besoin secret de s'évader, de se libérer, justement.
L'Homme est une créature pleine de contradictions.

Vitaly sortit de ses méditations silencieuses en se focalisant plutôt sur la réponse que lui donnait son amie. Il eut un sourire satisfait.

- Non, ça va, tu peux t'arrêter là xD.

Il entendit soudain des chuchotis dans son dos. Des chuchotis agaçants. Ceux qui, malgré leur faible volume sonore, sont faits pour être perçus, et sont faits pour agacer.
Ça parlait de la grosse tache sur sa chemise. Ça parlait du moment "un peu" trop long qu'ils passaient en pause clope, Noa et lui -sans préciser aucun des deux prénoms, d'ailleurs. C'était plein de sous-entendus à propos de leur flemmardise, du fait qu'ils profitent du système en restant indéfiniment à glander sur la terrasse et à ne pas travailler...
Bref, c'était méchant et agaçant. Vitaly se retourna, mais resta appuyé contre la rambarde, les bras croisés sur le torse. Il fusilla du regard... TIENS DONC, le boutonneux de tout à l'heure. Qui fit moins le malin sous son regard assassin des mauvais jours -ceux où il avait mal dormi, et où on lui renversait du café dessus, généralement. Il parla à moitié entre ses dents, la mâchoire tendue par l'agacement.

- Je hais les pipelettes.

Mais si le lama était l'animal de prédilection de Noa, lequel pourrait être celui de Vitaly, tiens ? Oui, c'est PER-TI-NENT, je sais bien (h) xD. Une marmotte avec une clope au bec, surement. Et de mauvaise humeur la plupart du temps. Ça existe, ce genre de marmotte ?

- D'accord, j'admets, tu sembles déjà être spécialiste en matière de lama xD. Mais bon, je préférais m'assurer que tu avais bien pensé à tout, on sait jamais ! Je n'aimerais pas voir un jour aux infos qu'une femme a été retrouvée en pleine nature à moitié mangée par son pseudo-gentil-petit-lama (c'est peut-être carnivore, après tout ? xD), qui lui, et bien... Ce serait fait la malle pour aller traumatiser une bande de p'tis vieux dans une maison de retraite pour extrêmistes-en-folie.

Il eut une moue pseudo-sadique xD.

- Quoi que pour aller titiller quelques connards conservateurs, je lui donne carte blanche xD.

Vitaly écouta ce que Noa avait à dire sur leur fameux sujet philosophique qui prenait décidément des proportions... légèrement démentielles xD. Voilà, elle avait assez bien résumé la situation : "ça doit être une des choses les plus dures, de vivre libre." Il fallait bien qu'ils en arrivent à un point où ils tombaient tous deux d'accord, où il n'y avait rien à ajouter... Quoi qu'ils auraient pu continuer pendant des heures à tergiverser sur tout un tas de concepts qui se mêlent et s'entremêlent dans tous les sens. Mais s'arrêter ici, sur un fait bien fondé -presque une évidence-, finalement, ce n'était pas plus mal. Du moins, ça leur permettait de ne pas trop se prendre la tête chacun de leur côté une fois qu'ils auront quitté la Terrasse, jusqu'à la prochaine PCT, où ils pourront joyeusement continuer de délirer ensemble <3 xD.
Bref, Vitaly se contenta donc de hocher la tête en signe d'affirmation, preuve qu'il laissait le dernier mot sur ce sujet à son amie.

Face à sa question, il eut une seconde d'hésitation, avant de se rendre compte que...

- Pas tant de choses que ça, en fait. J'ai beaucoup moins d'attaches que toi ici. Je n'aime pas spécialement mon travail, mon appart' est de toute façon un logement de fonction auquel je ne suis pas particulièrement attaché non plus... Mais tout ça, ce sont des choses matérielles, après tout. Socialement, je dirais que c'est quasiment aussi vide. Je ne suis pas le genre à copiner facilement, alors... A part quelques engueulades et autres prises de tête à droite à gauche avec une hystérique (xDxD), d'autres épisodes d'agacement à cause de mon supérieur, je dirais... qu'il y a toi.

Il la regarda d'un œil amusé faire son petit manège avec le boutonneux, même s'il n'avait pas la moindre idée de ce que cela cachait, en fait. Ahlalala, s'il savait le poste qu'elle occupait ! xD Il la remercia du regard lorsqu'elle revint vers lui (mais si, c'est possible ! xD), et il parla sur le ton de la plaisanterie, même si ça pouvait aussi être pris comme un compliment ! xD

- Tu es diabolique xD. Je ne sais pas ce que tu lui as dit, mais j'ai presque -je dis bien presque- pitié de lui, le pauvre. On avait l'impression qu'il avait toute la misère du monde sur les épaules xD.

La voyant avec une autre cigarette, il ne résista pas bien longtemps avant de l'imiter.